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Communiqué de presse du 16 juillet 2015 :
Le 30 novembre 2004, Adbelkader GHEDIR, 21 ans, fut brutalement interpellé par les agent du service de surveillance générale (« SUGE ») de la société nationale des chemins de fer français (« SNCF ») dans la gare de Mitry-Villeparisis, en présence d’officiers de police arrivés sur place
Plaqué violemment au sol, alors qu’il n’opposait aucune résistance, il reçut des coups à la tête.
Arrivé dans les locaux de garde à vue du commissariat de Mitry Mory peu près 20h00, Abdelkader perdit connaissance et tomba dans le coma.
Il est aujourd’hui irréversiblement atteint d’une hémiplégie double, doit être assisté par un tiers dans tous les actes de la vie courante, et est handicapé à hauteur de 95 % des suites des graves blessures infligées par les agents de l’Etat.
A la suite d’une longue instruction judiciaire de 7 années, le juge d’instruction rendit une ordonnance de non-lieu le 15 février 2010, confirmée par la Cour d’appel de Paris le 3 septembre 2010, et dont le pourvoi en cassation fut rejeté par la Cour de cassation le 27 septembre 2011.
La justice française considéra qu’il n’y avait pas de charges suffisantes contre quiconque d’avoir commis une infraction sur la personne d’Abdelkader, malgré les déclarations contradictoires des agents de l’Etat, les témoignages directes en faveur d’Abelkader et de deux expertises concordantes sur l’origine des coups et des blessures.
En conséquence, le montant de son indemnité provisionnelle d’un montant de 490 000 euros (couvrant les frais d’hospitalisation, de santé et d’équipement et d’assistance permanente) lui a été réclamé par le fonds de garantie des victimes d’infractions.
Par un arrêt du 16 juillet 2015, la Cour de Strasbourg a condamné la France pour violation de l’interdiction de la torture. Elle a conclu que les investigations internes ont conduit à la réunion d’éléments contradictoires et troublants, et qu’il existait un faisceau d’indices suffisant pour retenir que l’origine des lésions du requérant trouvait sa source dans la responsabilité directe des agents de l’Etat.
La Cour a invité les parties à trouver un accord sur le chiffrage des préjudices matériels et moraux subis.
Les avocats d’Abdelkader, Me Alex Ursulet du barreau de Paris, et Me Grégory THUAN Dit DIEUDONNÉ (ancien référendaire à la Cour européenne des droits de l’Homme) saluent cette décision de la Cour, qui reconnait la responsabilité directe des forces de l’ordre dans les dommages infligés et subis.